Kant et les limites du bonheur

La présente étude met au jour le fondement logique et épistémologique de l’idée du bonheur chez Kant. Il s’agit de démontrer comment l’éthique critique tient en cohérence la construction du bonheur, dans le respect de la loi morale, tout en étant critique de l’eudémonisme. Cependant, le bonheur pensé comme conséquence morale intégrant le processus du Souverain Bien n’est qu’espérance. Il permet certes à Kant la résolution des antinomies de la raison pure, mais reste un artifice méthodologique au service de l’élaboration de la morale systématique. Il est clair que par son anti-eudémonisme éthique Kant n’isole pas simplement des fondements de la moralité toute volonté déterminée matériellement, mais expulse le bonheur de la facticité de la vie. Il est alors nécessaire de replacer le bonheur dans la réalité du monde par la constitution du droit au bonheur. Il s’agit du droit au bonheur synthétique qui émerge du rapport politique entre la liberté individuelle et l’espace public. Initialement conçu comme destination formelle de la vie, le bonheur est ici acte politique de construction d’un itinéraire au cœur de l’existence terrestre.