Le bruit asignifiant

La narration présente une série de ponctuations. Chacune est un signe sonore, une image-bruit. L’unité narrative est inconsistante et ses dimensions -commencement et fin- artificielles, car la chaine de ponctuations n’a ni commencement ni fin. Les signes sonores fuient le cœur du sujet, condensant un point de fuite. L’essentiel du récit n’est plus son sens, au moins un sens qui épuiserait le champ d’interprétations possibles. Un tel sens a lieu pour nous comme quelque chose d’incertain et obscur qu’il faudra examiner. L’une des interprétations possibles de ce sens qui apparaît à côté de tout récit, même avant sa lecture, est celle qui voit dans le bruit du récit des symboles, des métaphores d’autre chose qu’il faut déchiffrer. En premier lieu, le bruit peut s’interpréter soit comme symptôme qui exprime un contenu, soit comme signal. En deuxième lieu, le bruit peut être expressif et asignifiant ; ce que proposent Deleuze et Guattari lorsqu’ils analysent le caractère intensif de la langue mineure. Les deux postures peuvent se conjuguer et engager la conversation. Enfin, l’image-bruit se configure comme expression de ce mouvement qui est la narration littéraire.