L’agropôle de Bagré : vers un modèle de territorialisation hydraulique

Dans la zone sahélienne, le caractère aléatoire de la pluviométrie a orienté les politiques publiques et les populations vers l’adoption de l’irrigation, qui est devenue le principal moyen de soustraire l’agriculture pluviale des risques climatiques. Initiée au Burkina Faso depuis les années 1920, l’aventure hydraulique a connu une formidable expansion au point de constituer un axe majeur dans la stratégie de développement du pays. L’expérience de territorialisation hydraulique menée dans le bassin de la Volta Blanche, où plus 1000 barrages ont été construits, traduit à elle seule l’enjeu de l’irrigation. Dans les plaines alluviales aux confins de Bagré, le paradoxe des vallées fertiles mais dépeuplées avait inquiété Yves Lacoste dans ses œuvres, mais l’assainissement de la vallée et la construction du barrage de Bagré ont ouvert de nouvelles perspectives mettant aux prises différentes logiques de territorialisations dans le contrôle de l’espace. Mais face au désengagement de l’État, le territoire s’affirme et se réveille. Mais aura-t-il le dernier mot, au regard des nouveaux acteurs de l’agrobusiness qui s’annoncent avec de nouvelles logiques et surtout des ressources.