FEMEN contre FN : la dénonciation entre spectacle et ritualisation

Surnommées les amazones de Kiev, le collectif Femen enchaîne les actions « coups d’éclats » depuis sa création en 2008. Aujourd’hui, il compte plus de 300 membres répartis en Espagne, en France, au Brésil. Elles sont les actrices d’un répertoire d’action militant particulier qu’est la nudité. Son utilisation est faite pour transmettre un message politique et social. Dans leur combat pour le droit des femmes, leur corps devient un étendard, une arme de dénonciation contre le système patriarcal, les régimes fascistes et l’industrie du sexe. Elles sont à l’initiative d’une dénonciation-spectacle qui mobilise des costumes, des décors et un visuel fort dans l’objectif d’investir les dispositifs médiatiques. Ainsi, les Femen parviennent à infiltrer le débat public grâce à un discours subversif et transgressif. Mais la mobilisation de cette scénographie ne fait pas l’unanimité. Souvent réduites à l’exposition de leurs poitrines, elles peinent à convaincre journalistes et féministes. Le 1er mai 2015, trois Femen interrompent le discours de Marine Le Pen en effectuant le salut nazi et scandent « Heil Le Pen ». Tous les ressorts qui constituent leur répertoire d’action sont alors en place...