Le livre d'art jeunesse entre démocratisation et distinction

L’objet d’étude "Le livre d’art jeunesse" se trouve emprisonné entre un effort de démocratisation évident et des tentatives élitistes distinctives. En effet, il convient d’étudier comment cette littérature spécialisée contribue à renforcer le goût légitime, qui est selon Pierre Bourdieu dans La Distinction « le goût des dominants ». « La seule raison sérieuse de faire des livres d'art pour les enfants, c'est de les empêcher de faire des tâches de doigts sales sur nos livres d'art. » déclarait Claude Roy en 19892, témoignant d’un grand scepticisme à l’égard de la littérature jeunesse en matière l’art. La même année, dans le Monde des livres, Nicole Zand notait à ce propos: « Pour ne pas laisser nos enfants errer dans les musées idiots, et surtout assommés d'ennui, des éditeurs ont pensé qu'une initiation pourrait exciter leur curiosité. » Cette citation, va quant à elle plutôt dans le sens d’une ouverture de l’art, permise par un effort de démocratisation, donc une initiation qui serait adaptée aux enfants est ici envisagée. Une définition du bien culturel livre d’art pour enfants s’impose ici pour poser les jalons de notre objet d’étude. Comment définir le livre d’art pour enfants ?