Lever de rideau sur une parentalité en surexposition

La société d’aujourd’hui attend de l’homme qu’il soit autonome, indépendant et responsable. En se faisant retirer la gestion financière de ses affaires ainsi que l’autorité parentale, le pupille est donc montré du doigt. Il doit jouer un rôle à la fois incomplet et paradoxal. Incomplet parce qu’il perd l’autorité parentale sur sa progéniture lorsqu’il est mis sous tutelle. Paradoxal parce qu’en étant interdit, l’acteur est considéré comme incapable de protéger ses interêts et ceux de sa famille. Or, ses enfants vivant encore avec lui, il doit continuer à assumer son rôle de parent au quotidien. Dans un tel contexte de contraintes, de quelles ressources peut-il user pour tout de même construire son rôle parental? La réponse semble se trouver au coeur de la narrativité. C’est elle qui lui permet de se déstigmatiser, de retrouver de la cohérence identitaire mais surtout de la reconnaissance extérieure. Si l’interdit veut exister en tant que parent, il doit surexposer son rôle grâce à la narration. De leur vécu biographique, en passant par la tutelle, jusqu’à l’entretien en lui-même tout semble bon à convertir en ressources pouvant donner corps à ce rôle.