Paradis et utopie dans Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre

Dès l’aube de l’histoire, le mécontentement de l’homme, à cause de la pesanteur de la vie sociale et à son effet négatif sur sa satisfaction, ne fait qu’encourager son espoir de changer sa condition actuelle. La nostalgie d’un temps révolu, voire perdu et désiré, celui d’avant la Chute originelle où l’homme vivait encore dans un bonheur absolu dans le paradis de ces ancêtres, incite celui-ci, qui se retrouve dans une situation d’insatisfaction pénible, à chercher une solution qui lui permettra d’assouvir ses besoins et de satisfaire ses appétences. Puisque le vrai bonheur est une illusion, inconciliable avec la vérité amère de la vie réelle, l’aspiration humaine est intensifiée par la réflexion ou par l’introspection et incite à chercher ce même bonheur dans une autre forme de vie, une sphère débarrassée du souci de la vérité, et ancrée dans l’imagination.